Merci

Un immense MERCI pour tous les messages laissés sous mes poèmes...Si vous passez, laissez un petit mot c'est faire plaisir et valoriser photos et poèmes...MERCI

Ce sont autant de traces d'amitié qui scintillent au fil des jours.. Trop d'inconnus passent avec indifférence piochant ici et là images et mots!...
.

Poésies cueillies sur un coup de coeur (07/10/2014)


Paul Bergèse


Photo Jackie
http://photosnature12.blogspot.fr/

Allez visiter son blog c'est magnifique!




Pierre Gabriel
 
Le caillou blanc

 

Bien serré au creux de ta paume,

Le caillou blanc ramassé en chemin

S'est endormi, tiède comme un oiseau

 

Mais soudain on dirait qu'il bouge,

Il vient de frémir dans ta main,

C'est un coeur qui bat sourdement,

 

Un simple caillou blanc

Comme le coeur du monde dans ta main.


 
Jean-Pierre Siméon

Marche,
N’arrête pas de marcher
D’ouvrir des portes
De soulever des pierres
De chercher dans les tiroirs de l’ombre
De creuser des puits dans la lumière

Cherche,

N’arrête pas de chercher
Les traces de l’oiseau dans l’air
L’écho dans le ravin
L’incendie dans les neiges de l’amandier

Tout l’ignoré

Le caché
L’inconnu
Le perdu

Cherche

Tu trouveras
Le mot et la couleur de ton poème


Kaviiik
Ponts et passages 
Exposition St Gervais

Quitter les pentes de ronces
accrochées
aux éboulis acides anciens.
S'extraire de ses territoires supposés
des terriers nocturnes
faussement tièdes,
des fièvres aveugles
de rires sonores
et forcés d'habitudes.
Se défaire des gravats de granits gris
qui encombrent d'ombres
des projets lumineux,
repliés.
Passer les brumes suffocantes
et oser l'éclat
les voies claires
les fraîcheurs ouvertes.
Oser l'ablution
d'une traversée.
Oser
l'autre côté
l'inconnu
de la naissance
s'aérer
s'offrir
à l'aventure du passage
à l'essor
étonné de silences

-profonde respiration profonde-
Se couler
dans son cours
naître à la haute mer
jusqu'à son rapprochement
-sels d'innocence-

Des embruns de lumières bleues
inattendues
s'élèvent aux blancheurs saintes
de ciels accrus
jusqu'aux découvertes
de secrets à vif
d'alliance
à ses plus hautes profondeurs.

Ania
Denis Cardinaux

Ania priait toujours et brûlait calmement,
Veilleuse plus fidèle que moi, c'est certain,
Devant l’icône écaillée de la rue.

La flamme qu'on oublie continue de brûler
Longtemps dans le silence des églises closes.
A l'aube on ne sait plus

Qui fut la cause de tant d'espoir.
On s'interroge longtemps
Devant la mèche consumée!


Paul Bergèse



Les poches pleines de mots 

As-tu trouvé le mot
d'un pays de lumière
dans le delta des sources?

As-tu trouvé le mot
éclat de vie d'enfant
dans l'arc-en-ciel des rêves?

As-tu trouvé le mot
qui cisèle un regard
dans la forêt des signes?

As-tu trouvé le mot
que transporte le vent
dans l'harmonie des sons?

toujours au seuil de l'écriture
les mots se lovent
dans les signes des sources,
Et, pour les débusquer,
tu dois fermer les yeux.


Et puis,
pour gommer les frontières,
pareille à la graine au vent,
la poésie,
comme un peu de soie,
comme un peu de soi
vers l'autre.

Dans la faible clarté
d'une aube naissante,
j'avais écrit
un poème
sur la rosée.
Au soleil levé
il s'est évaporé.

********

Qui gratte ce matin
aux vitres de ma chambre?
Une corne de lune
une branche d'étoile
un rayon de soleil?

qui chante ce matin
aux vitres de ma chambre?
Une abeille endormie
une fleur de silence
une lavande au vent?

qui attend ce matin
aux vitres de ma chambre?
Un cœur, une pensée
un sourire, une joie?

J'ai ouvert la fenêtre
Et j'ai tendu les bras...

********
À l’aube du printemps,
Comme un coucou malin,
Dans le douillet du nid
D’une grive insouciante,
Entre les œufs bleutés,
J’ai glissé mon poème
Pour qu’il sache chanter.
Et maintenant j’attends
L’éclosion avec hâte
Pour savoir si mes mots
Sauront aussi voler.

*********
Au gré des galets



Au repos de la plage
les galets apaisés
tendent leurs joues
à la caresse de la vague.

********
Une aventure vibre
au profond du galet.
Musique de fontaine
où s'abreuve un poème.

*********
En cette nuit de gel,
au plus gris du galet
un cheveu de comète
est resté accroché.

 Le rhinocéros amoureux

Passager clandestin
de l'espace et du vent,
la mouette rieuse
s'en va dodelinant
sur la frange rosée
de la plage déserte.
***
A chacun de ses pas,
dans la douceur mouillée
du couchant de la vague,
naissent
des fleurs d'étoiles
que la mer cueillera.

********
Le rhinocéros amoureux
a laissé la rose
au poète
et de la fleur il n'a gardé
que le piquant
planté
sur son nez.


Jules Supervielle 
La mer

C'est tout ce que nous aurions voulu faire et n'avons pas fait,
Ce qui a voulu prendre la parole et n'a pas trouvé les mots qu'il fallait,
Tout ce qui nous a quittés sans rien nous dire de son secret,
Ce que nous pouvons toucher et même creuser par le fer sans jamais l'atteindre,
Ce qui est devenu vagues et encore vagues parce qu'il se cherche sans se trouver,
Ce qui est devenu écume pour ne pas mourir tout à fait,
Ce qui est devenu sillage de quelques secondes par goût fondamental de l'éternel,
Ce qui avance dans les profondeurs et ne montera jamais à la surface,
Ce qui avance à la surface et redoute les profondeurs,
Tout cela et bien plus encore,
La mer.




L'âme 

Puisqu’elle tient parfois dans le bruit de la mer
Ou passe librement par le trou d’une aiguille
Aussi bien qu’elle couvre une haute montagne
Avec son tissu clair,
Puisqu’elle chante ainsi que le garçon, la fille,
Et qu’elle brille au loin aussi bien que tout près,
Tantôt bougie ou bien étoile qui grésille
Toujours sans faire exprès,
Puisqu’elle va de vous à moi, sans être vue,
En fait en l’air son nid comme sur une plante,
Cherchons-la, sans bouger, dans cette nuit tremblante
Puisque le moindre bruit, tant qu’il dure, la tue.

******** 


Michel Cosem
Sourire



Ton sourire ouvre la porte du monde
ton geste doux parle d'un pays
d'arbres et de sources
de chants ensoleillés
de tambours qui battent dans la nuit
de légendes au cœur gros
du blé qui pousse si haut dans la montagne
et du vent au goût de résine
Ton sourire ouvre la porte du monde
il est comme un cerf-volant dans l'azur
il va et vient et ne veut jamais s'arrêter
"à un enfant turc"
**************


Josélita NANKIN
 Prière d'un petit enfant nègre


Toi, le peintre, tu inventes les couleurs,
Tu peins les animaux et les fleurs,
Tu décores les cathédrales.
Tu donnes de l'importance
A la chose la plus banale,
Tu peins les paysages avec aisance.
Tu mettrais parmi les fleurs une rose noire,
Tu nous donnerais de l'espoir.
S'il existait un clown noir,
Peut-être rirait-il de mes déboires
Ou en pleurerait-il?
Toi, clown aux mille pouvoirs,
De tes gestes tu fais rire.
Dans tes habits bizarres,
Sous ton maquillage,
L'on cherche ton premier visage
Car, sous ton masque, il y a toi.
Peintres ou clowns, donnez-nous de l'espoir.

Josélita NANKIN

***************


 Fatou Diome
Le châle mauve 

Te souviens-tu ?
Le châle de tes mots
les soirs de grelots,
il me réchauffait les épaules.

Mon châle s'est mis à filer.
tout au fond de ma tanière,
je tisse une laisse au temps,
Mais ton visage nargue le temps.

Je récolte le blanc de l'hiver
pour boucher les trous de la vie.
J'écoute l'écho des murs
pour me souvenir de ta voix.

Te souviens-tu?
Comme on tricotait nos vies,
on habillait l'hiver,
on se croyait enfin à l'abri.

Te souviens-tu?
Mais le temps détache ses attaches.
Je regarde mon châle fier,
le fil à la main, je suis la ligne,
jusqu'à nos premiers sourires.

Te souviens-tu?
Le doux châle de tes mots,
qui me faisait oublier l'hiver.
Maintenant, j'ai froid!

Sous les ponts qui survivent aux amours,
un ciel bleu se noie,
dans l'encre rouge de la mémoire
Mauve le châle de la vie, qui maille présence et absence.







Julos Beaucarne, 
Femmes et hommes
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent

"Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent 
qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents,
Ne vous laissez pas attacher,
ne permettez pas qu'on fasse sur vous des rêves impossibles...
On est en Amour avec vous tant que vous correspondez au rêve que l'on a fait sur vous,
alors le fleuve Amour coule tranquille,
les jours sont heureux sous les marronniers mauves,
Mais s'il vous arrive de ne plus être ce personnage qui marchait dans le rêve,
alors soufflent les vents contraires,
le bateau tangue, la voile se déchire,
on met les canots à la mer,
les mots d'Amour deviennent des mots-couteaux qu'on vous enfonce dans le cœur.
La personne qui hier vous chérissait vous hait aujourd'hui;
La personne qui avait une si belle oreille pour vous écouter pleurer et rire
ne peut plus supporter le son de votre voix.
Plus rien n'est négociable
On a jeté votre valise par la fenêtre,
Il pleut et vous remonter la rue dans votre pardessus noir,
Est-ce aimer que de vouloir que l'autre quitte sa propre route et son propre voyage?
Est-ce aimer que d'enfermer l'autre dans la prison de son propre rêve?
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent
Qui tissez des tissus de mots au bout de vos dents
ne vous laissez pas rêver par quelqu'un d'autre que vous même
Chacun a son chemin qu'il est seul parfois à comprendre.
Femmes et hommes de la texture de la parole et du vent,
Si nous pouvions être d'abord toutes et tous et avant tout et premièrement 
des amants de la vie,
alors nous ne serions plus ces éternels questionneurs,
Ces éternels mendiants qui perdent tant d'énergie
et tant de temps à attendre des autres des signes,
des baisers, de la reconnaissance
Si nous étions avant tout et premièrement des amants de la vie,
Tout nous serait cadeau
Nous ne serions jamais déçus
On ne peut se permettre de rêver que sur soi-même
Moi seul connait le chemin qui conduit au bout de mon chemin
Chacun est dans sa vie
et dans sa peau...
A chacun sa texture
son message et ses mots"
************* 

Les vrais amis sont comme les arbres


" Les vrais amis sont comme les arbres

Ils ont hâte de te voir

Mais restent imperturbables

Si tu ne passes pas dire bonsoir


Même après une longue absence

Tu peux renouer avec eux

Il n’y a pas d’intermittence

Te revoir les rend heureux


Les vrais amis sont comme les arbres

Plantés très loin ou bien tout près

Sans jalousie et sans alarme

Ils croissent, c’est leur métier


Les vrais amis sont comme les arbres

Ils tendent leurs bras, ne plient pas

Ils grimpent vers la lumière

C’est ce qui les met en joie


Les vrais amis sont comme les arbres

L’univers est dans leur peau

Qu’il fasse pluie, glace ou bourrasque

Ils parfument et tiennent chaud


Les vrais amis quand ils trépassent

N’en finissent pas de fleurir

Dans nos mémoires opiniâtres

Même coupés les arbres prient "



Max-Pol Fouchet (1942)

Les limites de l'amour

...Être assez lourd
Assez lourd d'amour
Du poids d'un ramier
Pour ne pas briser
Les plus hautes branches
Y marcher dans le ciel
Assez fort pour plier
Pour céder à la brise
D'un enfant altéré
Rafraîchir les cerises
Être assez frais assez fort
Assez inquiet pour ne plus douter
Croire assez pour douter toujours
Assez altéré pour se suffire
De la goutte sur la feuille
Envier le gel des corbeaux
Assez blessé pour panser
Toute blessure d'un nuage
Assez mourant pour guérir
D'un matin dans les rues
Assez homme pour ne plus l'être
Être assez pour n'être plus
Être seulement être...


*********

Charles Baudelaire

L'albatros


Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

**********

Harmonie du soir 

 

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !

********** 

L'homme et la mer

 

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.

Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.

Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

******** 

Victor Hugo

Demain, dès l'aube...  

 

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

********* 
Louis Aragon

Que serais-je sans toi 

Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre.
Que serais-je sans toi qu'un cœur au bois dormant.
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre.
Que serais-je sans toi que ce balbutiement.

J'ai tout appris de toi sur les choses humaines.

Et j'ai vu désormais le monde à ta façon.
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines.
Comme au passant qui chante, on reprend sa chanson.
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens de frisson.

J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne.

Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne.
Tu m'as pris par la main, dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux.
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux.

Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes.

N'est-ce pas un sanglot que la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe.
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues.
Terre, terre, voici ses rades inconnues.


********

Guillaume Apollinaire
Le Pont Mirabeau

 Sous le pont Mirabeau coule la Seine

            Et nos amours
       Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine

     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
            Tandis que sous
       Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
            L'amour s'en va
       Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
            Ni temps passé
       Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

     Vienne la nuit sonne l'heure
     Les jours s'en vont je demeure
*********


Henri de Régnier
Odelette
 
Un petit roseau m'a suffi
Pour faire frémir l'herbe haute

Et tout le pré
Et les doux saules
Et le ruisseau qui chante aussi ;
Un petit roseau m'a suffi
A faire chanter la forêt...

Ceux qui passent l'ont entendu
au fond du soir, en leurs pensées,
Dans le silence et dans le vent,
Clair ou perdu,
Proche ou lointain...
Ceux qui passent en leurs pensées
En écoutant, au fond d'eux-mêmes,
l'entendront encore et l'entendent
Toujours qui chante.

Il m'a suffi
De ce petit roseau cueilli
A la fontaine où vint l'Amour

Mirer, un jour,
Sa face grave
Et qui pleurait,
Pour faire pleurer ceux qui passent
Et trembler l'herbe et frémir l'eau ;
Et j'ai, du souffle d'un roseau,
Fait chanter toute la forêt.
******** 
Albert Samain

Je rêve de vers doux ...

 

Je rêve de vers doux et d'intimes ramages,
De vers à frôler l'âme ainsi que des plumages,

De vers blonds où le sens fluide se délie
Comme sous l'eau la chevelure d'Ophélie,

De vers silencieux, et sans rythme et sans trame
Où la rime sans bruit glisse comme une rame,

De vers d'une ancienne étoffe, exténuée,
Impalpable comme le son et la nuée,

De vers de soir d'automne ensorcelant les heures
Au rite féminin des syllabes mineures.

De vers de soirs d'amour énervés de verveine,
Où l'âme sente, exquise, une caresse à peine...

Je rêve de vers doux mourant comme des roses.

********* 
Arthur Rimbaud
Sensation

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,
Mais l'amour infini me montera dans l'âme ;
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux- comme avec une femme.

******** 
Paul Verlaine
Il pleure dans mon coeur

Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !

Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s'écœure.
Quoi ! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.

C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !
*********
Michel Scouarnec
Il restera de toi




 Prière Amérindienne

Quand je ne serai plus là

Quand je ne serai plus là, relâchez-moi,
 Laissez-moi partir,
J'ai tellement de choses à faire et à voir,  
Ne pleurez pas en pensant à moi, 
Soyez reconnaissant pour les belles années 
Je vous ai donné mon amour 
Vous pouvez seulement deviner  
Le bonheur que vous m'avez apporté. 

 Je vous remercie de l'amour 
Que chacun vous m'avez démontré 
Maintenant, il est temps de voyager seul
Pour un court moment vous pouvez avoir de la peine 
 La confiance vous apportera réconfort et consolation
Nous serons séparés quelques temps 
Laissez les souvenirs apaiser votre douleur.

  Je ne suis pas loin et la vie continue 
Si vous avez besoin de moi : appelez-moi et je viendrai 
 Même si vous ne pouvez me voir ou me touchez
Je serai là.  Et si vous écoutez votre coeur 
 Vous éprouverez clairement  
La douceur de l'amour que j'apporterai.  

Quand il sera temps pour vous de partir 
Je serai là pour vous accueillir.

  N'allez pas sur ma tombe pour pleurer,  
Je ne suis pas là, je ne dors pas 
 Je suis les milles vents qui soufflent 
Je suis le scintillement des cristaux de neige  
Je suis la lumière qui traverse les champs de blé
Je suis la douce pluie d'automne 
 Je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin 
 Je suis l'étoile qui brille dans la nuit 
N'allez pas sur ma tombe pour pleurer, 
Je ne suis pas là, je ne suis pas mort.  













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)

Si une fenêtre indésirable s'ouvre fermez-là en cliquant sur la x en haut à droite...ce n'est pas un virus mais blogger qui la met et je ne peux rien faire

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